mercredi 31 août 2011

Marc Chagall et Vitebsk (Biélorussie)

A côté de la maison de Marc Chagall à Vitebsk (à gauche)

Visite à Vitebsk en ce mois d’août, ville de la jeunesse de Marc Chagall. Lui-même est né dans un village, non loin, mais a grandi dans la maison construite par son père. Celle-ci existe toujours aujourd’hui. Elle se trouve dans un ancien quartier industriel, sur l’autre rive de la Dvina occidentale par rapport au centre de la ville. Elle a été transformée en un petit musée. Outre quelques objets de l’époque, elle  présente, accrochés aux murs, quelques dessins de Marc Chagall sur la vie familiale à la maison et les habitants du quartier.  Dans le jardin, une statue en hommage à l’artiste est exposée.

Dans le Centre Chagall à Vitebsk
De l’autre côté de la Dvina occidentale, non loin du zoo et de la nouvelle cathédrale orthodoxe de la Dormition, se trouve le Centre Marc Chagall. Plusieurs de ses œuvres y sont présentées, des Bibles illustrées par lui ainsi que des photographies. Pour moi, le meilleur de Chagall est lorsqu’il aborde un sujet religieux, comme ses nombreuses illustrations des passages de la Bible. Il y a dans les traits tracés par l’artiste, les couleurs déposées, toute l’humanité qui cherche, espère, souffre, qui s’exprime. Et c’est cela qui touche plus particulièrement. J’ai pu le constater l'année dernière dans le très intéressant musée national du message biblique Marc Chagall à Nice ou encore à l’exposition Chagall et la Bible, cette année, au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris.

Chagall jeune par Y.Pen (source)
A Vitebsk, au début du XXe siècle, existait un milieu artistique autour de Yehuda Pen, le premier professeur de Chagall, celui du sculpteur Ossip Zadkine également durant une année pour ce dernier. Dans sa jeunesse, Pen  a étudié avec Vroubel et Repine.  Au musée des beaux-arts de Vitebsk, j’ai découvert les tableaux marquants de Yehuda Pen. Ce fut un très bon portraitiste qui, aussi, a remarquablement su rendre de manière très expressive des scènes de la vie quotidienne, notamment de la communauté juive de Vitebsk, la moitié de la population de la ville selon le recensement de 1897, car lui, comme Chagall, Zadkine et d’autres artistes appartenaient à cette communauté nombreuse en Biélorussie avant la Seconde Guerre mondiale. L’ouvrage de Claire Le Foll, L’école artistique de Vitebsk (1897-1923) relate la fécondité de ce milieu artistique autour de Yehuda Pen et de Marc Chagall lorsqu’il créa, en 1919, et dirigea l’école nationale d’art de Vitebsk (jusqu’en 1922). Des extraits de ce livre sont en ligne ici. Sur l’Internet, quelques-unes des œuvres de Yehuda Pen : cette scène, l'horloger, ce timbre biélorusse qui reprend une œuvre de Pen (une rue de Vitebsk), cet autoportait, un autre de 1922,  un interprète du Talmud, la "Lettre de l'Amérique" de 1913, le divorce (malheureusement ici en noir et blanc), vieil homme avec un panier.

mardi 30 août 2011

L’art du vitrail à Minsk (Biélorussie) - De l'importance de l'artisanat

Cyrille m'explique une technique de fabrication
Le 22 août, visite dans l’atelier de Lada et de Cyrille Stéphanovitch dans le centre de Minsk. Lada (cousine germaine d’Irina Kotova et fille de Youri Gavrin, un peintre monumentaliste bien connu en Biélorussie) et Cyrille fabriquent des vitraux, principalement pour des particuliers en Biélorussie et en Russie. La qualité reconnue de leur travail font que les commandes ne manquent pas. Leurs réalisations sont magnifiques et puisent à plusieurs styles : elles me rappellent Ivan Bilibine, affichent des entrelacs celtique, mais aussi, sont parfois proche de l’Art nouveau, des dessins d’Alphonse Mucha, voire des vitraux des Nabis que j'ai pu admirer au musée Maurice Denis à Saint-Germain en Laye. Ils s’attachent aussi à transmettre leur savoir-faire et leur passion créative.  Plusieurs réflexions qui m'accompagnent actuellement ont resurgi suite à cette très sympathique visite:
- J’ai pu constater en Biélorussie le maintien d’une tradition artisanale, dans de nombreux domaines, de grande qualité. J’ai été ainsi frappé par de nombreuses et très belles réalisations en fer forgé.
- Le lien entre artisanat et art. Il est difficile de savoir où finit l’un et où commence l’autre. 
Dans un coin de l'atelier avec Lada et Cyrille
(cliquez sur la photographie pour l'agrandir)
- Enfin, il est rassurant de constater l’existence d’un atelier dans le centre d’une capitale. Cette inscription dans l’espace est très symbolique. L’artisanat et l’art sont liés à la créativité. Je crois que la créativité est ce qui sauve le monde, car l’être humain a été créé à l’image d’un créateur, le Créateur par excellence. Lorsqu’il crée pour l’embellissement et  l’édification du monde, alors il se rapproche du Créateur et aide les autres humains à s’en approcher. Cette offrande à l’humanité s’accomplit  dans la liberté et la vérité de son être. C’est  une vocation capitale pour chaque personne et par-delà pour toute la société. C’est pourquoi un atelier d’artisans-artistes, de créatifs, au centre de la cité, qui plus est d’une capitale, donc d’une société, est particulièrement réjouissant.