Ma recension publiée sur Orthodoxie.com.
Les éditions Salvator lancent, en cet automne 2020, une nouvelle
collection : « Chemins d’étoiles ». Elle est dirigée par Gaële de La
Brosse et dédiée à l’itinérance spirituelle. « Elle accueille tous ceux
qui, à travers l’évocation d’un lieu ou d’un itinéraire, abordent les
questions essentielles de l’existence. » C’est Marie-Ève Humery, une
orthodoxe, qui signe
le tout premier livre de cette collection. Il
mérite largement cet honneur d’être celui qui ouvre ce nouveau chemin
éditorial prometteur, car il en témoigne magnifiquement.
Ce livre relate une partie du chemin vers
Saint-Jacques-de-Compostelle, précisément de Bergerac (voie de Vézelay) à
Navarrenx dans le Béarn, parcourue par l’auteure avec son filleul. La
plume est alerte et talentueuse, elle embarque très facilement et très
agréablement le lecteur dans cette aventure humaine et spirituelle. Ce
chemin relève d’une double géographie : l’une visible, terrestre et
matérielle, l’autre invisible, spirituelle, mêlant le ciel à notre
terre. Les fruits vivifiants en sont les grâces propres à renouveler
l’être. Il importe pour cela d’être attentif aux signes dont chacun,
bien que discret, est « vivant et subtil, mais invisible aux yeux. Tout
juste perceptible. Mais perceptible par tout l’être. » Des petites
choses en apparence, mais aux grands effets ! Le récit associe de
manière très réussie ce double cheminement, en somme la découverte
extérieure, souvent une rencontre, avec un être humain, un animal ou un
lieu, avec la révélation intérieure. À cet égard, l’auteure ne cache
rien, tout en restant pudique et non sans qu’affleure parfois une touche
d’humour, de ses luttes, de ses blessures, de ses peines, mais aussi de
ses joies, de ses rêves, de ses espoirs et bien sûr des grâces qui
illuminent ce chemin et sa vie.
Le livre est introduit par une préface du journaliste Luc Adrian qui
inaugure très judicieusement la relation de ce cheminement et y prépare.
Il confie notamment une observation que nous partageons entièrement :
« On referme ce livre avec le “cœur tout brûlant” des pèlerins d’Emmaüs
après leur rencontre avec le Ressuscité. » Il se termine par trois beaux
compagnonnages, des « chemins partagés » qui sont autant d’échos et de
prolongements du récit : ceux de Bertrand Vergely, d’Annick de
Souzenelle et du frère bénédictin Benoît Billot. Chacun éclaire le
périple à sa manière. Ainsi Bertrand Vergely explique pourquoi le récit
de ce pèlerinage a suscité chez lui « un tel enchantement » et souligne
que « Pour aller vers le Ciel en permettant que le Ciel vienne à nous,
il nous faut dans ce monde aller vers notre âme. ». Il ajoute : « D’où
la violence de l’existence et sa beauté. Sa violence quand elle n’a pas
d’âme. Sa beauté quand elle en a une. » Annick de Souzenelle apporte en
complément qu’il s’agit de « remonter à la source », car « tel est le
sens de tout vrai pèlerinage ; le sens de l’ordre donné à Abraham — qui
n’est encore qu’Abram — par son Seigneur, d’aller vers lui-même, au
principe de son être. » Enfin, le frère Benoît Billot met l’accent sur
les sens intérieurs. Il conclut que ce livre « s’adresse à toute femme
et tout homme en quête, à tout chercheur de vie spirituelle. »
L’ouvrage de Marie-Ève Humery détaille sept grâces reçues. Bertrand
Vergely en ajoute une huitième, son style. Nous en rajoutons volontiers
une neuvième ! Elle se manifeste et grandit lors de la lecture du livre
par la joie pleine d’espérance que celle-ci procure ainsi que par
l’expérience de grande valeur qui est transmise ! Il en est ainsi des
grâces : elles sont chacune source de croissance et de multiplication !
Marie-Ève Humery, Sept grâces sur le chemin de Compostelle, Salvator, 2020, 170 pages, 15 euros.