Ma chronique du 8 décembre dans l'émission Lumière de l'orthodoxie (textes et podcast), sur Radio Notre-Dame, avait pour sujet la parution des Vies des saints serbes de saint Justin Popovic aux éditions L'Age d'Homme. Ci-dessous: le texte de cette chronique.
Les éditions L’Age d’Homme ont publié
cette année, dans l’excellente collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle », dirigée par Jean-Claude Larchet, la traduction française des Vies des saints serbes du père Justin Popovic, devenu lui-même saint depuis sous le nom de saint Justin de Tchélié (Celije) et qui est fêté le 1er
juin. Ce synaxaire - vies des saints en suivant le calendrier - de 470
pages permet non seulement de prendre connaissance des nombreux saints
et saintes qui y sont évoqués, en tout 62, mais aussi d’entrer dans
l’histoire et la richesse spirituelle du peuple serbe.
C’est une histoire pleine de nombreux
combats et de beaucoup de souffrances ainsi que de sacrifices
collectifs au fil des siècles. Aujourd’hui, c’est encore le cas avec le
Kosovo. Rappelons juste que le peuple serbe a été pendant des siècles en
première ligne face aux invasions de l’Empire ottoman et qu’il a, de ce
fait, été le défenseur pendant des siècles de l’Europe chrétienne, ce
qu’il a payé par un prix très élevé en vies humaines et en destructions.
Au XXe siècle, après la domination ottomane, plusieurs tragédies
historiques l’ont frappé cruellement : les deux guerres mondiales et le
régime communiste. Cette très longue mémoire est toujours présente
aujourd’hui. Cette histoire explique aussi qu’un nombre important de
rois, de reines et de princes se trouvent dans cet ouvrage. En effet, un
tiers des saints présentés ont une ascendance noble.
Je présenterai juste, rapidement, trois
exemples. Le premier est saint Sava. Le grand saint national serbe. Né
vers 1169, mort en 1236, fils du roi Stefan Nemanja, lui-même saint très
populaire sous le nom de saint Syméon le Myroblite, saint Sava a fondé
le monastère de Chilandar sur le Mont Athos et fut le premier primat de
l’Eglise orthodoxe serbe qui obtient grâce à lui son autonomie et qu’il a
organisée. Il est fêté le 14 janvier.
Le deuxième exemple est une française du
XIIIe siècle, Hélène d’Anjou, devenue reine de Serbie et mère de deux
rois également canonisés Dragutin et Milutin. Elle a fait construire le
monastère de Gradac. Comme plusieurs membres de la famille royale, elle
s’est retirée dans un monastère. Elle est fêtée le 30 octobre.
Le troisième exemple est un saint
contemporain : saint Nicolas de Jitcha et d’Ohrid (1880-1956). Son nom
patronymique est Vélimirovitch. C’est une des grandes figures de
l’Église orthodoxe serbe au XXe siècle, également écrivain et poète,
surnommé le « Chrysostome serbe », dont on peut trouver, aux éditions
l’Age d’Homme, quelques-unes des plus grandes œuvres dont les très
inspirées Prières sur le lac, ou La foi et la vie selon l’Evangile, ou encore le tome 1 du Prologue d’Ohrid
qui est aussi un synaxaire commenté des vies des saints de chaque jour.
Après des études de littérature et de philosophie brillantes, et
plusieurs séjours dans différents pays d’Europe, il devint moine, puis
évêque. Il a déployé une intense activité pastorale. Il a été déporté au
camp de concentration de Dachau durant la Seconde Guerre mondiale.
Exilé en Amérique, il est resté très actif jusqu’à son décès. Il est
fêté le 20 avril.
Pour terminer, voici des recommandations
que le saint père Justin Popovic donne dans sa postface : « Pars à la
recherche de toi-même dans les Vies des saints et tu te retrouveras
sûrement en elles. Tu y trouveras aussi les remèdes qui te permettront
de guérir de tous les maux spirituels et feront de toi un être
éternellement sain, dans ce monde et dans l’autre ; aucune mort ne
pourra te faire de mal. »