Ma chronique du 23 février dans l'émission Lumière de l'orthodoxie (textes et enregistrement), sur Radio Notre-Dame, rend compte de la parution d'un ouvrage sur cinq grands spirituels du Mont-Athos du début du XXe siècle. Ci-dessous: le texte de cette chronique.
La parution d’un nouvel ouvrage dans l’excellente collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle »,
dirigée par Jean-Claude Larchet aux éditions L’Age d’Homme, nous donne
l’occasion de dire quelques mots sur la sainteté et plus
particulièrement sur les saints aujourd’hui. L’ouvrage s’intitule Figures athonites du début du XXe siècle.
Ecrit par l’archimandrite Chérubim Karampelas, né en 1920, décédé en
1979, il présente cinq vies d’ascètes du Mont Athos, nés au XIXe siècle
et ayant vécu dans la première moitié du XXe siècle. Citons-les, ce sont
l’Ancien Joachim de la skite de Sainte-Anne, l’Ancien Athanase de
Grigouriou, l’Ancien Callinique l’Hésychaste, l’Ancien Daniel de
Katounakia, l’Ancien Isaac de Dionysou. Un « ancien » est un terme,
géronda en grec, qui désigne un père spirituel. C’étaient de très
humbles moines, avec des personnalités différentes, qui furent des
lumières de la foi pour leurs contemporains. L’ouvrage se présente comme
des biographies avec une part importante laissée à des témoignages qui
rapportent notamment l’insondable sagesse et les grands charismes
déployés par ces ascètes. De nombreuses histoires, très simples, de la
vie miraculeuse de tous les jours peut-on dire dans leur cas, qui sont
aussi autant d’enseignements, sont relatées.
Le Mont Athos a abrité lors de la
période contemporaine d’autres grandes figures comme saint Silouane
l’Athonite et son disciple le père Sophrony, décédé en 1993 en
Angleterre, mais aussi l’Ancien Joseph l’Hésychaste, l’Ancien Ephrem de
Katounakia, l’Ancien Païssios ou encore l’Ancien Porphyre, ce dernier né
en 1906, décédé en 1991, canonisé par le Saint-Synode du Patriarcat
œcuménique de Constantinople le 27 novembre dernier.
La collection
« Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle », nous présente aussi
d’autres pères spirituels de notre temps, dont des pères roumains comme
le père Païssié Olaru (1897-1990), à qui une rencontre était consacrée
toute la journée d’hier à Paris, ou le père Cléopas Ilie (1912-1998).
Nous pourrions aussi prendre des exemples dans d’autres pays.
Ces quelques figures, parmi d’autres,
nous montrent que la sainteté et les plus hautes vertus spirituelles
peuvent éclore au plus haut niveau à notre époque. Cela ne peut que nous
inciter à considérer la sainteté non pas comme quelque chose
d’extérieur à nous-mêmes, mais comme une possibilité offerte à tous. Les
saints n’appartiennent pas à une autre humanité, mais sont des êtres
comme nous tous qui ont osé parcourir, avec leur propre personnalité, un
chemin vers le Seigneur. Certains sont connus des hommes, d’autres
seulement de Dieu.
Il n’y a pas d’époque favorable ou
d’époque défavorable à la sainteté. Le Saint-Esprit est partout présent,
comme nous le chantons dans nos offices, et en tout temps, prêt à se
mêler intimement à nos vies et à les éclairer selon notre mesure. Le
mystère, disait saint Grégoire de Nysse, est d’être présent à Celui qui
est toujours présent. En effet, depuis le commencement des temps, Dieu
appelle chaque être humain, à chaque instant. A nous de répondre, là où
nous sommes, avec nos humbles moyens.