Ma chronique du 16 mars dans l'émission Lumière de l'orthodoxie (textes et enregistrement), sur Radio Notre-Dame, portait sur le grand concile panorthodoxe en préparation, l'année 2016 a été fixée pour sa tenue. Voici le texte de cette chronique.
Il y a quelques jours, du 6 au 9 mars
précisément, à Istanbul, au Phanar, c’est-à-dire au siège du Patriarcat
œcuménique de Constantinople, s’est tenue une rencontre des primats des
Eglises orthodoxes, c’est-à-dire de ceux qui sont à la tête des Eglises
orthodoxes autocéphales, en d’autres termes indépendantes. Seul
manquaient le patriarche d’Antioche, pour des raisons de santé, une
délégation le représentait, et le primat de l’Eglise des Terres tchèques
et de Slovaquie, car il y a actuellement un différend au sein de cette
Eglise. En tout, 13 primats étaient présents.
Cette rencontre a notamment permis de
décider d’une date pour le prochain concile panorthodoxe, à savoir 2016
et d’un lieu pour son déroulement : l’église Sainte-Irène à Istanbul.
C’est un évènement préparé depuis un demi-siècle, depuis 1961
exactement, qui a fait l’objet de nombreuses réunions pour avancer sur
les principaux sujets qui seront abordés.
Il y a en tout une dizaine de grands thèmes.
Parmi ceux-ci, les questions de l’autocéphalie, donc de l’indépendance
d’une Église, de l’autonomie d’une Église à l’intérieur d’une
juridiction, des relations œcuméniques, du calendrier, du sens du jeûne
et de son observance aujourd’hui, etc. Pour nous, en France, l’une des
questions qui nous touchent plus particulièrement est celle de la
« diaspora orthodoxe », c’est-à-dire des diocèses orthodoxes qui ne sont
pas situés dans les pays traditionnellement orthodoxes ou dans des pays
où se trouvent les antiques Églises que sont le Patriarcat d’Antioche,
de Jérusalem ou d’Alexandrie qui sont trois patriarcats dans des
contrées où les orthodoxes sont aujourd’hui très minoritaires.
Déjà, les réunions préconciliaires ont
permis d’avancer sur la question de l’organisation des orthodoxes dans
les territoires situés en dehors des territoires traditionnels, comme le
continent américain ou l’Europe occidentale. Des assemblées
épiscopales, comme l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, ont été
créées au cours de ce processus, il y a maintenant près d’une vingtaine
d’années.
Pour préparer le grand concile
panorthodoxe de 2016, il a été décidé de mettre en place une commission
interorthodoxe composée d’un évêque et d’un conseiller par Église. Ses
travaux débuteront en septembre prochain. Une conférence préconciliaire
interorthodoxe sera aussi convoquée pour la première moitié de l’année
2015. Cette commission et cette conférence auront pour fonction de
revoir les documents préconciliaires élaborés depuis plusieurs
décennies, de les réviser si nécessaire et de les approuver avant la
tenue du concile.
Il a été prévu que les décisions du
concile seront prises à l’unanimité, chaque Église ayant une voix. Y
participeront le primat de chaque Église et au plus 24 évêques.
Un évènement d’une telle ampleur, et
déjà sa préparation, manifeste l’esprit de conciliarité au cœur de
l’orthodoxie. Il permet l’unité des 15 Églises orthodoxes à la fois
indépendantes et liées par la foi et la communion eucharistique. Tous
les primats sont égaux, même si il est reconnu au patriarche de
Constantinople une primauté d’honneur et de service. C’est pourquoi, il
faut un accord de toutes les Églises pour qu’une décision soit validée
par toute l’orthodoxie. On comprend bien que ce n’est pas simple : il
peut exister des approches non similaires pour telle ou telle question,
ou encore des différends entre certaines Églises peuvent surgir. Mais,
toutes les Églises, comme le montre la réunion qui vient de se tenir,
ont le désir de rester en communion et de témoigner ensemble de
l’orthodoxie.