mardi 4 mars 2014

Les "Lettres de direction spirituelle" de saint Théophane le Reclus: ma chronique du 2 mars

Ma chronique du 2 mars dans l'émission Lumière de l'orthodoxie (textes et enregistrement), sur Radio Notre-Dame, est une recension d'un ouvrage paru dernièrement, les Lettres de direction spirituelle de saint Théophane le Reclus (éditions des Syrtes). En voici le texte.

Saint Théophane le Reclus est un évêque russe du XIXe siècle. Il est l’une des grandes figures du renouveau de la spiritualité orthodoxe russe au XIXe siècle. Son nom, le Reclus, vient de ce que les 22 dernières années de sa vie, il a vécu en isolement, à sa demande. Les éditions des Syrtes viennent de publier la traduction des Lettres de direction spirituelle du saint évêque Théophane. Le livre vient tout juste d’être mis en librairie. Cette édition comporte aussi une introduction et des notes de Bernard le Caro. L’ouvrage constitue un excellent compagnon de route pour le Carême qui commence. L’édition russe a pour titre, également révélateur, Qu’est-ce que la vie spirituelle et comment y disposer son cœur ? 
 
Georges Govorov, le futur Théophane est né en 1815. Après le séminaire, il étudia la théologie à l’Académie de Kiev, puis il devint moine, diacre et prêtre l’année où il finit ses études. Il fut ensuite enseignant à Novgorod, puis à Saint-Pétersbourg. Envoyé à la mission russe de Jérusalem, il y accomplit un important travail de traduction, notamment des Pères ascètes grâce à des manuscrits rares conservés à Jérusalem, à la laure  de Saint-Sabas ou encore au Mont-Athos. Il occupa par la suite différents postes, dont un à Constantinople, puis en Russie où il fut nommé recteur de l’Académie ecclésiastique de Saint-Pétersbourg en 1857. Deux ans plus tard, il fut consacré évêque pour Tambov, puis pour Vladimir. Durant toutes ces années, il écrit, exercice où tout jeune déjà il avait révélé son talent. Il se montre aussi très bon prédicateur. Il dynamisa la vie des diocèses dont il avait la responsabilité. Mais il désirait, de plus en plus, se retirer dans un monastère pour s’y adonner à la prière et à l’écriture d’ouvrages. Cela fut accepté. Il mena d’abord la vie communautaire, puis vécut dans l’isolement jusqu’à sa naissance au ciel, le 6 janvier 1894. De son vivant, il était déjà considéré comme un saint. Plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient présentes lors de ses funérailles malgré les difficultés climatiques de la saison. Il a été canonisé en 1988.

L’ouvrage est un véritable traité de la vie intérieure, du combat et de la progression spirituels. Les chapitres, il y en a 80, sont courts et abordent chacun des points précis avec des conseils pratiques. Voici quelques exemples des titres qui donneront un aperçu de ce que l’on peut y trouver : « Liberté ou esclavage », « Le cœur et la sphère du sentiment », «  Qu’est-ce que l’esprit », « La suprématie de la vie spirituelle », « Renouveau et purification de soi-même », « L’activité de la grâce », « Comment l’ennemi essaye de nous égarer », « La prière sans distraction », « La lutte active contre les passions », « Les différentes causes du refroidissement spirituel », etc.

Je n’aurai que le temps de vous lire un court extrait, pour vous faire goûter ce livre, extrait qu’il est difficile de choisir tant les pages regorgent en conseils essentiels. Il provient du chapitre « Brûler d’amour pour Dieu » :
« Voulez-vous entrer au plus vite dans ce paradis ? Alors, faites ceci : quand vous priez, ne terminez pas votre prière sans avoir éveillé dans votre cœur un sentiment envers Dieu - de révérence, de dévouement ou de gratitude, de louange, d’humilité et de contrition, ou encore d’espérance ou de confiance. De même, lorsque, après la prière, vous vous mettez à lire, ne quittez pas votre lecture sans avoir ressenti la vérité que vous avez lue. Ces deux sentiments (méthodes), en vous réchauffant, peuvent vous maintenir toute la journée sous leur influence. »

Que le lecteur me permette d’ajouter un conseil pour finir: lire chacune des lettres comme si c’était le saint évêque Théophane qui vous l’avez adressée personnellement. Le bénéfice en sera largement accru, ainsi que le partage de la vive flamme qui l’habitait et qui éclaire toutes ces pages.