mardi 20 octobre 2020

Recension : « La voie du cœur. Lecture spirituelle de l’Évangile de Jean » de Philippe Dautais (Salvator)

 Philippe Dautais, La voie du cœur. Lecture spirituelle de l’Évangile de Jean, Salvator, 2020, 199 p., 19 euros. Ma recension publiée par Orthodoxie.com. :

Ce quatrième livre du P. Philippe Dautais, prêtre au sein de la Métropole orthodoxe roumaine, qui anime avec son épouse Élianthe le Centre Sainte-Croix, rappelle à certains égards le premier, Le chemin de l’homme selon la Bible (Desclée de Brouwer, 2009), car il présente aussi des figures comme autant de types du chemin de l’âme dans une géographie de l’intériorité pourrait-on dire. Cependant, ce dernier livre a également intégré les deux suivants, excellents et remarqués, fruits de décennies d’approfondissement, d’accompagnement et d’enseignement, à savoir Si tu veux entrer dans la vie – Thérapie et croissance spirituelle (Nouvelle Cité, 2013) et Éros et liberté – Clés pour une mutation spirituelle (Nouvelle Cité, 2016).

Dans cette lecture de l’Évangile de Jean, de passages choisis et non in extenso, qui comporte aussi des éclaircissements sur la signification spirituelle de figures exemplaires, l’auteur propose un « pèlerinage vers soi-même » qui est également « naissance à Dieu en soi ». Aussi, la « voie du cœur » doit être entendue comme « voie vers le cœur », vers ce centre suprême de l’intériorité de chaque être.

L’une des toutes premières étapes de ce voyage vers l’essentiel et la source de toute vie est l’ouverture du regard « pour accéder à une autre perception » car « le cosmos visible est la parure de l’invisible ». Ce dévoilement est aussi et d’abord celui de la Création tout entière, véritable livre écrit par le Créateur pour l’édification et l’enseignement de tous, « le cosmos est la première Bible ». En ce sens le monde est symbole, « du grec symballô, je réunis » rappelle le père Alexandre Schmemann cité par le P. Philippe Dautais, c’est-à-dire qu’il réunit des réalités différentes, en l’occurrence le visible et l’invisible qu’il manifeste à cette occasion. « Ce que Dieu a d’invisible est rendu manifeste par les choses visibles ». Autrement dit, « le symbole désigne la présence du symbolisé dans le symbolisant ». C’est en examinant le personnage de Nicodème, figuration d’une nouvelle naissance, que l’auteur aborde ces questions. Celui-ci marque aussi « l’avènement de la personne », dit-il en s’appuyant sur Nicolas Berdiaev et sur Olivier Clément. « La première naissance est selon la nature, la deuxième est la naissance à soi-même en tant que personne, la naissance en Dieu. La première nous a été imposée, la deuxième est la possibilité offerte de marcher en toute liberté vers l’émergence de l’être unique que chacun est. » C’est ce passage de l’être conditionné à celui qui naît du « moi profond » qui fait de la personne un être de communion. En effet, « pour s’ouvrir à l’autre, nous avons besoin d’être enracinés en nous-même ». C’est, pour synthétiser l’explication de l’auteur, parce qu’il a un visage qui lui est propre que chaque être humain peut authentiquement se tourner vers l’autre dans une relation qui construit les deux. C’est pourquoi également, l’amour, « dialogue du je et du tu », est un « dialogue de personne à personne ».

Le mot dialogue est d’ailleurs au cœur de l’ouvrage, dialogue afin de « passer sur l’autre rive ». Ce terme est à conjuguer au pluriel, en effet il recouvre bien des dialogues : avec son intériorité, avec le vivant et le cosmos, « fruit de la parole divine », avec Dieu vers qui pointent, finalement, tous les dialogues. Cela exige d’emprunter un chemin de dépouillements et de dévoilements au cours de cette route vers « la Source qui jaillit au plus intime de nous-mêmes ». L’apophatisme se révèle à cet égard propre à délivrer de tous les attachements qui maintiennent dans des prisons et des esclavages loin du Vivant tout comme de tout dialogue authentique et efficient. « L’apophase désigne la montée vers le mystère, vers simultanément ce qui nous échappe et ce dont nous avons une expérience intime. Expérience intime qui échappe à notre saisie et qu’il ne convient pas de ramener à nos schémas mentaux. Elle appelle au contraire à une ouverture de l’intelligence vers le jamais connu, vers l’au-delà de nos représentations. » Paradoxalement, c’est cette intimité au plus profond de nous-mêmes, par-delà les mots, concepts et représentations, qui nous rend aptes à dialoguer avec le cosmos et avec Celui qui en est la Source vivifiante et qui l’irrigue dans sa totalité jusqu’à la moindre de nos cellules. Creuser en soi-même pour s’élever et élargir toujours plus sa conscience en somme !

Un ouvrage très stimulant et éclairant, également utile lors d’une (re) lecture des Évangiles. Pour nous conduire au cœur de tout, en premier de nous-mêmes, et à l’essentiel, à cette présence ineffable à la fois partout présente et au-delà de tout dont le Christ est le visage et la parole.

mardi 1 septembre 2020

"Le Loup et son mystère. Histoire d'une fascination" : nouvelle recensions, entretiens

De nouvelles recensions consacrées à mon livre Le Loup et son mystère. Histoire d'une fascination (Le Courrier du livre) ont été publiées ainsi que des entretiens. Les voici (faire un clic droit, puis "ouvrir dans un nouvel onglet" pour agrandir l'image).

Tout d'abord, une substantielle recension sur le blog Mydogisaqueen. "Ce livre est un énorme coup de cœur que je vous recommande, il est aussi captivant que son protagoniste, le loup."

Ensuite, un entretien sur deux pages publié dans le trimestriel Animaux Bonheur (n°25, été 2020).



"Parviendra-t-on à se réconcilier avec cet animal mythique ? Un ouvrage riche et passionnant". Une recension dans le bimestriel Matou Chat n°37 (août-septembre 2020).

 

"L'indompté". "Un bel essai sur les relations entre l'homme et le loup au cours du temps. Des relations changeantes qui témoignent de la fascination, puis de la répulsion pour cet animal qui, plus qu'aucun autre, a irrigué la culture et les grands récits des origines." Recension dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles n°4365 du 23 au 29 juillet.
 
 
J'ai aussi donné un entretien à Orthodoxie.com. Il a été mis en ligne le 1er septembre, Journée de prière pour la sauvegarde de la Création dans l’Église orthodoxe. Son thème est "Le christianisme et l'animal" (au format PDF). J'y aborde la place de l'animal dans le christianisme et son évolution jusqu'à nos jours.

Vidéo ci-dessous : un entretien à TV-Libertés mis en ligne le 12 août.
 

mardi 7 juillet 2020

"Le Loup et son mystère. Histoire d'une fascination". Recensions et présentations

Voici quelques recensions et présentations parues à ce jour de mon livre Le Loup et son mystère. Histoire d'une fascination (Le Courrier du livre).

Pour commencer quelques présentations en ligne : le site de la fondation "30 millions d'amis" ; JAF-info (jardinerie animalerie fleuriste) ; Radio Parole d'animaux ; Faune sauvage ; "Notre siècle" ; Infolettre d'été de la galerie-boutique Hozho à Lausanne (au bas de la page).

* Pour agrandir chaque image : clic gauche, puis clic droit et "afficher l'image".
 
Ci-dessous, "Le loup et nous", article publié dans "La Semaine vétérinaire" (n°1854, 15-22 mai 2020, p.39).

 Dans le mensuel "Télé Star Jeux" (n°389, mai 2020, p.116). La page complète.

Dans "La Revue nationale de la chasse" (n°874, juillet 2020, p. 89). 

Dans le magazine "Le Monde des animaux" (n°33, juillet-août-septembre 2020, p.126), "Loup y es-tu?". 

Dans le mensuel "Terre Sauvage" (n°378, juillet 2020, p.16), "Loup, entends-tu ?".

Vidéos : "Le mystère du loup", le début (dix premières minutes) d'un entretien sur BTLV (web TV). Trois courts extraits (52 secondes en tout) de cet entretien.

samedi 16 mai 2020

« S’informer : un regard critique sur les sources et modes de communication » - « Les grandes révolutions techniques de l’information »


Voici un de mes cours pour la spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP) en classe de première. Il s’agit du quatrième thème (sur cinq), plus précisément de l’introduction et de l’axe 1 (sur deux avant l’« objet de travail conclusif »). Chaque axe comprend trois « jalons ». Le thème général est « S’informer : un regard critique sur les sources et modes de communication ». Celui de l’introduction est « Comment s’informe-t-on aujourd’hui ? ». Quant à l’axe 1 ici traité, il porte sur « Les grandes révolutions techniques de l’information », avec pour le premier jalon : « L’information imprimée : de la diffusion de l’imprimerie à la presse à grand tirage », pour le second : « L’information par le son et l’image : radio et télévision au XXe siècle », et pour le troisième : « L’information mondialisée et individualisée : naissance et extension du réseau Internet ». 
J’ai en outre rajouté en annexe (entre le deuxième et troisième jalon) : « La naissance et le développement des sciences de l’information et de la communication » et « Deux affaires de diffusion de fausses informations et leur influence ».



Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un groupe de partage entre collègues, chacun prenant à sa charge une partie du nouveau programme en seconde et en première. Il est plutôt destiné aux professeurs pour que ceux-ci y puisent à leur guise. Sans être exhaustif, ni bien sûr parfait, il excède largement le travail fait en classe. Ainsi, chacun peut y puiser ce qui lui semble bon dans le contexte de sa classe, choisir parmi les nombreux documents en liens ou intégrés et en fonction de tout cela élaborer une ou plusieurs évaluations.

Source de l'illustration.

vendredi 13 mars 2020

Parution (le 3 juin) : "Le Loup et son mystère. Histoire d'une fascination" (Le Courrier du livre)

Mon nouveau livre, intitulé Le Loup et son mystère. Histoire d'une fascination vient de paraître aux éditions Le Courrier du livre (198 pages, 18 euros).
 
Présentation de l'éditeur :

"Depuis des dizaines de milliers d’années, l’être humain entretient une relation particulière et privilégiée avec le loup. De Fenrir, le fossoyeur du monde, à la louve nourricière de Romulus et Rémus, du grand méchant loup au frère loup de saint François d’Assise, en passant par les loups cheyennes Maheone Honehe et Evevsev Honehe, il existe vis-à-vis du loup une véritable fascination qui plonge ses racines dans les tréfonds de l’âme humaine, mais aussi dans un compagnonnage dont l’origine se perd dans la nuit des temps.

Christophe Levalois vous propose dans cet ouvrage un grand voyage dans l’histoire des sociétés humaines, de la préhistoire à nos jours, explorant mythes, légendes, rites, aventures extraordinaires, et convoquant aussi faits historiques, découvertes scientifiques et archéologiques.

Cette relation privilégiée de l’homme au loup porte aussi d’autres questions qui nous taraudent depuis toujours et aujourd’hui d’une actualité brûlante, à savoir notre relation avec la nature : la nôtre et celle qui nous entoure. Sommes-nous prêts pour une réconciliation ?"

Les vingt premières pages du livre peuvent être lues en ligne ici et ci-dessous.

Publish at Calameo

Ajout : en raison de la fermeture des librairies, la diffusion du livre est repoussée et aura lieu lors de la réouverture de celles-ci. Sa sortie est actuellement annoncée pour le 3 juin sur les sites des librairies. L'ouvrage sera disponible aux formats ePub et Kindle dès le 18 mai.

mercredi 13 novembre 2019

La renaissance de l’Église orthodoxe russe

J'ai participé au numéro 622 du Spectacle du monde (novembre 2019, ci-dessous : la couverture et la première page de l'article) avec un article intitulé "La renaissance de l’Église orthodoxe". Il fait partie d'un dossier nommé "Le retour de l'aigle russe". Le Spectacle du monde est un supplément thématique mensuel de 32 pages inséré dans l'hebdomadaire Valeurs actuelles, en l'occurrence du n°4329 (du 14 au 20 novembre 2019). Ce supplément peut être aussi commandé seul, au format PDF, sur cette page. Une version anglaise a été aussi publiée.


Ajout (06.06.2020) : l'article a été repris dans la nouvelle formule trimestrielle du Spectacle du monde (p.122-125, n°1, printemps 2020, 132 pages, 11,90€) actuellement dans les kiosques. 2022 : nouvelle reprise de l'article dans le hors-série n°31 de "Valeurs actuelles".
 
Nouvel ajout (14.06.2021) : lire l'article en ligne.

mardi 17 septembre 2019

Un moment historique pour l'orthodoxie en Europe occidentale

Historique ! Séparé de l’Église orthodoxe russe depuis 1931, l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale, dont le siège épiscopal est la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, rue Daru à Paris, est revenu au sein du Patriarcat de Moscou le 14 septembre dernier. L'annonce et son explication ont été faites par l'archevêque Jean et la réponse, positive, a été donnée par le Saint-Synode de L’Église orthodoxe russe. L'Archevêché a joué un rôle de premier plan au sein de l'orthodoxie mondiale au XXe siècle, notamment grâce à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris, à son "École de Paris", et à certaines de ses figures comme sainte Mère Marie Skobtsov et à de nombreuses autres personnes également issues de l'émigration russe ou pas, comme Olivier Clément. J'ai diffusé à cette occasion ma courte analyse, qui suit, en la rattachant aux propos du patriarche Cyrille de Moscou, le 15 septembre.

Les paroles du patriarche Cyrille sont très justes et donnent à l'évènement d'hier sa véritable portée et sa véritable mesure.Il souligne notamment : "La tragédie de la révolution, de la guerre civile et de la division de notre Église, de notre peuple a pris fin." Il s'agit d'une réconciliation historique qui se place au regard de l'histoire tragique du XXe siècle. Ne doutons pas également de la force spirituelle d'une telle dynamique. Ce que porte l'Archevêché, issu de l’Église russe et de son renouveau spirituel et académique au XIXe et au début du XXe siècle, son très riche héritage théologique, son témoignage et son histoire, peuvent être ainsi pleinement transmis à la totalité de l’Église russe. Il peut aussi poursuivre son rôle d'espace de rencontre, dont nous avons bien besoin, entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest. Nul doute que la résolution prise lui en donnera les moyens indispensables. Une page de l'histoire se tourne. La suivante peut être tout aussi riche, passionnante et pleine de grâces.

Photographie : la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, rue Daru à Paris, siège de l'Archevêché (source). 

Ajout (27 septembre) : j'ai donné un entretien (6:07) à Vatican news sur la situation de l'Archevêché. Il est en ligne sur cette page.

lundi 3 juin 2019

Mon parcours personnel

Je viens de mettre à jour mon "Parcours". C'est une sorte de journal de bord d'évènements qui m'ont marqué, d'étapes, de recherches, d'actions entreprises, de rencontres marquantes, de lectures importantes. Sans être exhaustif, il tâche de rassembler ce qui a pu être significatif dans mon existence. Pour le lire, cliquez ici !

jeudi 7 mars 2019

"Ce livre court mais puissant" "résume magnifiquement bien certains aspects essentiels de la royauté" (recensions)

Deux nouvelles recensions de La royauté et le sacré (Cerf, 2016) ont été publiées il y a peu. L'une est de Franck Abed. Elle est en ligne sur plusieurs sites dont Agoravox et le site "Philosophie, histoire et littérature". La recension présente une lecture des principales parties de l'ouvrage. Elle se termine en soulignant : "L’auteur nous invite « plus qu’à la présence fondatrice et structurante du sacré dans la royauté, à la découverte d’un monde différent du nôtre, en espérant apporter au regard du lecteur et à son être de nouvelles perspectives. Vivifiantes ». Nous les avons réellement appréciées. Ce livre court mais puissant démontre que les questions de la légitimité, de l’autorité et de la tradition sont plus que jamais d’actualité dans notre monde fou car en manque de (re)pères."

L'autre recension, de Rémi Martin, a été publiée sur le site Vexilla Gallia. Et c'est une première pour moi, car le même jour, le 11 février dernier, a été mis en ligne, sur ce même site, une autre recension de mon livre, celle de de Franck Abed évoquée ci-dessus ! Cette deuxième recension commence par observer : "Ce court opuscule facile à lire résume magnifiquement bien certains aspects essentiels de la royauté dans la société humaine, aspects certainement évidents pour les anciens mais tout à fait oubliés pour nos contemporains." Son auteur souligne aussi, notamment : "La grande force de cet ouvrage consiste dans la largesse des exemples pris, qui embrassent tous les résultats d’anthropologie venant de l’étude des royautés dites primitives, mais aussi de nombreux exemple des royautés antiques et païennes, et encore, évidemment, les royautés chrétiennes."

dimanche 10 février 2019

L'influence de l'Église orthodoxe russe et ses relations avec le pouvoir politique

J'ai participé à un débat sur la chaîne de télévision Public Sénat (13e chaîne) sur l'influence de l’Église orthodoxe russe, tant en Russie que dans le monde, et ses relations avec le pouvoir politique. Un sujet vaste et complexe. Il a été diffusé le samedi 9 février et rediffusé le lendemain (sa présentation, une synthèse). Le débat suivait la projection d'un film-documentaire, sur lequel j'ai émis des réserves et pointé quelques erreurs, intitulé "God save Russia" (le documentaire complet diffusé par Arte, disponible jusqu'au 20 juin 2021). Il avait été diffusé par Arte il y a quelques mois. C'est une version augmentée de quelques minutes sur la situation ukrainienne à la fin de l'année 2018 qui a été proposée par Public Sénat. Les trois autres intervenants étaient Galia Ackerman, Cécile Vaissié et Antoine Arjakovsky.

La première vidéo est un extrait, une de mes interventions (durée : 0:34). J'y rappelle que ce n'est pas l’Église qui désigne le pouvoir politique, mais qu'elle l'accepte et très souvent le subit, parfois de manière dramatique. Cela depuis 2000 ans, c'est pourquoi, j'ai mentionné un passage de l'épître aux Romains (chapitre 13) de l'apôtre Paul qui parle de se "soumettre aux autorités supérieures" (voir aussi la première épître à Timothée, chapitre 2). Par contre, l’Église tâche d'exercer une influence dans la société.


 La deuxième vidéo, ci-dessous, présente l'intégralité du débat (34:07).

mercredi 2 janvier 2019

"Le père Serge Boulgakov et le mouvement oecuménique"

J'ai découvert aujourd'hui l'enregistrement de ma participation à un colloque au Collège des Bernardins (présentation, programme), le 28 juin 2014, sur "Serge Boulgakov, un père de l’Église moderne". J'y ai modéré une table ronde sur "Le père Serge Boulgakov et le mouvement oecuménique". L'enregistrement de mon intervention, au cours de laquelle je donne quelques éléments précis de l'orientation du père Serge Boulgakov en faveur de l’œcuménisme, se trouve ci-dessous. J'avais publié peu après le colloque ce compte-rendu (dont la photographie ci-dessus prise lors de cet évènement).

Le rôle oecuménique de l'Institut Saint-Serge

    Le père Serge Boulgakov (1871-1944) fut le premier doyen de l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris, lequel fut fondé en 1925. L'Institut Saint-Serge joua un grand rôle oecuménique, notamment durant l'entre-deux-guerres. Le père Serge Boulgakov s'est ainsi impliqué dans la fondation et l'essor de la Fraternité Saint-Alban et Saint-Serge au Royaume-Uni, dédiée à la rencontre des anglicans et des orthodoxes, dont le père Lev Gillet s'est occupé par la suite. Il alla aux États-Unis et au Canada et noua d'importants contacts avec l’Église épiscopalienne. Le père Alexis Kniazeff, qui fut recteur de l'Institut Saint-Serge de 1965 à 1991, a écrit (L'Institut Saint-Serge - De l'académie d'autrefois au rayonnement aujourd'hui, Beauchesne, 1974, p. 50) : "Les délégués de l'Institut Saint-Serge purent aussi participer aux deux grandes conférences œcuméniques des années trente. Elles étaient tenues respectivement par les deux grands mouvements Life and Work et Faith and Order, de la réunion desquels après la Seconde Guerre mondiale naquit le Conseil oecuménique des Églises."

L'aide de protestants américains et de grandes organisations internationales

    Enfin, il n'est pas inutile de rappeler, dans l'autre sens, le rôle important joué par des protestants et des organisations protestantes dans l'aide et le soutien d'organisations orthodoxes russes comme l'Acer et Ymca-press (en anglais: 1 et 2). Ce fut aussi le cas pour l'Institut Saint-Serge qui reçut pour sa fondation un important soutien financier de la part d'une éminente personnalité méthodiste, l'américain John Raleigh Mott qui fit une donation de 8000 dollars pour l'achat des lieux (Cf. L'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge - 70 ans de théologie orthodoxe à Paris, Hervas, 1997). John R. Mott fut notamment le fondateur, secrétaire général, puis président de la Fédération universelle des associations chrétiennes d'étudiants (FUACE). Il a reçu le prix Nobel de la paix en 1946. Il fut l'un des pionniers du mouvement oecuménique au XXe siècle, élu en 1948 président honoraire à vie du Conseil oecuménique des Églises en raison de son grand rôle dans la genèse de cet organisme. Il fut l'ami du saint patriarche  Tikhon de Moscou, qu'il a connu en Amérique (Ibid., p.6). C'est en 1922, à Prague, que l'homme politique et académicien Pierre B. Struve, le professeur et ancien ministre Anton V. Kartachev et le père Georges Chavelsky, ancien aumônier général des armées russes, lui présentèrent l'idée de la création d'une école supérieure de théologie orthodoxe en Europe à laquelle il apporta son soutien et celui de la FUACE (Ibid., p.5-6). La même idée avait été émise la même année à Pékin, lors d'une conférence de la FUACE, par Léon A. Zander, par la suite professeur à l'Institut Saint-Serge, et d'autres personnes, et à Berlin par le philosophe Nicolas Berdiaev ainsi que des universitaires et des théologiens (Alexis Kniazeff, p.42-43). Étant donné qu'en 1922, le métropolite Euloge (Guéorguievski) installa le siège de son diocèse, regroupant les paroisses orthodoxes russes d'Europe occidentale, à Paris, c'est dans la capitale française qu'il fut décidé de créer cette école. D'autres protestants aidèrent également à cette fondation, comme Paul B. Anderson et Donald Alexander Lowrie, tous deux ayant de hautes responsabilités au sein des YMCA (présents en Russie à partir du début du XXe siècle, pour approfondir ce sujet: The American YMCA and Russian Culture de Matthew Lee Miller, 2012; d'Antoine Arjakovsky, La génération des penseurs religieux de l'émigration russe, L'Esprit et la Lettre, 2002), ce soutien ne s'est pas démenti après la Seconde Guerre mondiale, ainsi qu'un philanthrope israélite, Moisei Akimovich Ginsburg, qui a consenti un prêt au métropolite Euloge "sans intérêts et sans prise de garantie" (Alexis Kniazeff, p. 41). D'autre part, les dons affluèrent aussi bien des milieux orthodoxes que des milieux œcuméniques (Ibid.).



L'ensemble des enregistrements du colloque se trouve ici.

En complément sur ce sujet: l'entretien que j'ai donné à Vatican news en décembre dernier (article et podcast audio) dans lequel j'évoque, entre autres, le rôle oecuménique de l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale et de l'Institut Saint-Serge.

samedi 24 novembre 2018

Un entretien et deux recensions sur "Le christianisme orthodoxe face aux défis de la société occidentale"

Avec retard, je signale cet entretien donné à Aleteia lors de la sortie de Le christianisme orthodoxe face aux défis de la société occidentale (Cerf, 2018). Dans l'introduction, il est précisé que cet "ouvrage clef (...) intéressera aussi les catholiques pour l’éclairage nouveau qu’il apporte sur le phénomène chrétien aujourd’hui."
D'autre part, dans le magazine en ligne Philitt a été publiée une substantielle recension de Grégoire Quevreux intitulée "L’orthodoxie, une ressource spirituelle dans les sociétés libérales d’Occident". Il y est notamment observé : "Dans ce recueil, l’auteur vise à cerner certains éléments du rapport entre l’orthodoxie et l’Occident aujourd’hui, près d’une génération après la chute du communisme."

Enfin, récemment, la revue Unité des chrétiens a proposé une autre recension, écrite par le directeur de la rédaction, Emmanuel Gougaud, dans le numéro 192 (octobre 2018). Extraits : "L’auteur ne se livre pas simplement à une présentation de l’orthodoxie, à travers sa spiritualité, sa liturgie, son éthique, ses traditions. Alliant sa grande érudition et son expérience pastorale en France, Christophe Levalois déploie la pertinence de l’orthodoxie dans la société occidentale, simultanément pour notre société contemporaine, l’Église catholique, la vie oecuménique mais aussi pour l’orthodoxie elle-même. À ce titre, l’ouvrage est particulièrement intéressant et original (...) ce livre s’adresse à tous les chrétiens soucieux de connaître l’orthodoxie et de vivre l’œcuménisme comme un échange de dons." 

Des extraits du livre (l'introduction, un entretien et le chapitre "L'orthodoxie en France") sont en ligne ici.

Ajout (27 décembre) : une recension en italien ("Il cristianesimo ortodosso e le sfide della società occidentale") et sur cet autre blog.

Nouvel ajout (25 août 2019) : une nouvelle recension a été publiée sur le site Agoravox. Il y est notamment précisé : "ce livre [...] s’adresse à tous ceux qui désirent connaître les grandes lignes de l’histoire orthodoxe, ainsi que les prises de position des Eglises orthodoxes sur les sujets d’actualité les plus récents. Le style concis, direct et professoral de Levalois permet de comprendre aisément les idées qu’il développe."

mercredi 12 septembre 2018

"L'orthodoxie et l'Occident" par l'archimandrite Placide Deseille (enregistrement audio)

Le mercredi 6 avril 2005, l’archimandrite Placide Deseille de bienheureuse mémoire (1926-2018) a évoqué le christianisme orthodoxe et l'Occident avec une perspective historique, dans le cadre des Rencontres orthodoxes, dans la paroisse Saint-Séraphin de Sarov à Paris. J'ai pu, avec son autorisation, enregistrer cette conférence, mais une partie seulement. En effet, un problème technique a malheureusement interrompu l'enregistrement à la 46e minute.

Une grande et magistrale leçon d’histoire, de l’Antiquité au XXe siècle. D’une grande clarté. 

Photographie ci-dessous : l'archimandrite Placide Deseille le 6 mars 2008 dans la paroisse Saint-Séraphin de Sarov à Paris, également dans le cadre des Rencontres orthodoxes.


Programme des Rencontres orthodoxes pour l'année 2004-2005
(cliquez sur les images pour les agrandir)


mardi 21 août 2018

"Prière de Jésus et prière du coeur", par l'archimandrite Placide Deseille (texte)

Le 6 mars 2008, dans le cadre de la 6e année des Rencontres orthodoxes, dans la paroisse Saint-Séraphin de Sarov à Paris, l'archimandrite Placide Deseille de bienheureuse mémoire (1926-2018) est intervenu sur le thème "Prière de Jésus et prière du cœur". Je lui avais demandé d'évoquer ce thème, car l'on rencontre des confusions entre les deux expressions. D'emblée, il souligne dans cette optique : "Il arrive fréquemment que l’on emploie les expressions « prière de Jésus » et prière du « cœur » comme si elles étaient équivalentes." Il explique clairement la distinction importante entre les deux prières qui sont néanmoins liées. En effet, la prière de Jésus peut devenir prière du cœur. Il a terminé sa conférence par la lecture d'extraits du 21e discours de saint Isaac le Syrien (ou de Ninive) en relation avec ce sujet.

Pour lire le texte de cette intervention, qui a été relu et approuvé par son auteur à l'époque, cliquez sur ce lien.

La photographie ci-dessous a été prise lors de cette rencontre. De gauche à droite: père Nicolas Cernokrak, recteur de la paroisse, père Placide Deseille et moi.