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mardi 26 novembre 2013

Sainte de l'Eglise orthodoxe et "Juste parmi les nations", une rue de Paris portera bientôt son nom: ma chronique du 24 novembre

Ma chronique du 24 novembre dans l'émission Lumière de l'orthodoxie, sur Radio Notre-Dame, portait sur la décision récente, par la mairie de Paris, d'attribuer à une voie nouvelle du 15e arrondissement de la capitale, le nom de Marie Skobtsov. C'est un hommage à une grande figure de l'émigration russe à Paris: Mère Marie, à la fois sainte de l’Église orthodoxe et déclarée "Juste parmi les nations" par le mémorial de Yad Vashem. Ci-dessous: le texte de cette chronique.

J’ai la joie de vous annoncer aujourd’hui une excellente nouvelle qui est aussi un évènement : la mairie de Paris a décidé de donner à une voie du 15e arrondissement le nom de rue Marie Skobtsov. Le 4 novembre le Conseil du 15e a voté la décision et le 12 novembre ce fut au tour du Conseil de Paris, les deux à l’unanimité. Pour comprendre la portée de cet évènement, il faut connaître quelques éléments de la vie étonnante de Marie Skobtsov, que nous appelons plus volontiers en orthodoxie Mère Marie (photographie ci-dessus).

Née Elisabeth Pilenko, en 1891, à Riga, alors dans l’Empire russe, issue d’une famille aristocratique, avec des origines françaises, elle révèle très tôt à Saint-Pétersbourg ses dons de poétesse et fréquente les salons littéraires en vue. Militante, elle devient lors de la Révolution de 1917, la première femme maire d’une ville en Russie. Mais opposante au régime, elle se retrouve sur les routes d’Europe avec son second mari et ses enfants. Elle arrive finalement à Paris en 1923. Différents évènements et sa foi l’amènent à devenir moniale en 1932 sous le nom de Mère Marie. Elle choisit de rester à Paris pour y exercer une action caritative envers les démunis de l’émigration russe. C’est ainsi qu’elle crée en 1935 un foyer au 77 rue de Lourmel dans le 15e. Tous les matins, très tôt, elle part en trainant une charrette jusqu’aux Halles pour récupérer les invendus et ce que l’on veut bien lui donner afin de nourrir tous les déshérités qui viennent à son foyer. C’est aussi un lieu de célébrations, une église s’y trouve, mais également de rencontres intellectuelles où se rend entre autres Nicolas Berdiaev. Mère Marie fait montre d’une activité débordante et multiple : elle nourrit, écrit, brode, dessine.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le centre accueille des réfugiés, mais aussi délivre des faux certificats de baptême, aide certains à échapper aux recherches de l’occupant. En juillet 1942, Mère Marie parvient à sauver des enfants enfermés au Vélodrome d’hiver, où elle a pu entrer, en les dissimulant dans des poubelles. Toutes ces actions lui vaudront, bien des années après, le titre de « Juste parmi les nations » décerné par le mémorial de Yad Vashem. En 1943, suite à une dénonciation, elle est arrêtée et déportée au camp de Ravensbrück. Là, elle est au cœur d’un groupe de prière dans lequel se trouve notamment Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Mère Marie soutient, réconforte, prie. Ayant eu la chance de rencontrer une de ses proches compagnes de captivité, Jacqueline Pery-d'Alincourt (deux entretiens avec elle sur ces pages: 1, 2), membre de ce groupe de prière, j’ai appris combien la présence et le rayonnement de Mère Marie ont été précieux pour ses compagnes pour survivre dans cet enfer. Mais, le 31 mars 1945, qui est cette année-là le vendredi saint, elle est gazée, peut-être en prenant la place d’une autre personne. En 2004, elle a été canonisée par le Patriarcat œcuménique de Constantinople en même temps que son fils Georges, que le prêtre Dimitri Klépinine et Ilya Fondaminsky, un juif converti à l’orthodoxie, tous œuvrant avec Mère Marie, tous morts en déportation.

samedi 12 novembre 2022

"Mère Marie Skobtsov, l'amour incarné", un documentaire avec ma participation

Devant le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah
Devant le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah à Paris

J'ai déjà évoqué ici Mère Marie Skobtsov (1891-1945), sainte Marie de Paris pour l’Église orthodoxe. Poétesse, révolutionnaire, première maire d'une ville en Russie, exilée, mère de famille, moniale, animant un centre caritatif et intellectuel à Paris, résistante, déportée, gazée à Ravensbrück, proclamée Juste parmi les nations et sainte de l’Église orthodoxe. En 2016, la mairie de Paris a donné son nom à une rue du 15e arrondissement de la capitale. En 2008, j'avais interrogé, avec le père Jivko Panev, une de ses proches compagnes de captivité à Ravensbrück, Jacqueline Péry d'Alincourt : premier entretien, le second. Le 1er novembre, dans le cadre de l'émission de télévision "Orthodoxie", France 2 a diffusé un film documentaire d'une heure, d'Alexey Vozniuk et du P. Jivko Panev, auquel j'ai participé. Les autres participants sont : Tatiana Victoroff, Xenia Krivochéine, Cyrille Sollogoub, Bertrand Vergely, Sabine Arend, Guy Krivopissko, Geneviève de Gaulle-Anthonioz (archives), Patricia McDwyer, le métropolite Jean de Doubna. On peut le visionner ci-dessous.

mardi 17 septembre 2019

Un moment historique pour l'orthodoxie en Europe occidentale

Historique ! Séparé de l’Église orthodoxe russe depuis 1931, l'Archevêché des églises orthodoxes russes en Europe occidentale, dont le siège épiscopal est la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, rue Daru à Paris, est revenu au sein du Patriarcat de Moscou le 14 septembre dernier. L'annonce et son explication ont été faites par l'archevêque Jean et la réponse, positive, a été donnée par le Saint-Synode de L’Église orthodoxe russe. L'Archevêché a joué un rôle de premier plan au sein de l'orthodoxie mondiale au XXe siècle, notamment grâce à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris, à son "École de Paris", et à certaines de ses figures comme sainte Mère Marie Skobtsov et à de nombreuses autres personnes également issues de l'émigration russe ou pas, comme Olivier Clément. J'ai diffusé à cette occasion ma courte analyse, qui suit, en la rattachant aux propos du patriarche Cyrille de Moscou, le 15 septembre.

Les paroles du patriarche Cyrille sont très justes et donnent à l'évènement d'hier sa véritable portée et sa véritable mesure.Il souligne notamment : "La tragédie de la révolution, de la guerre civile et de la division de notre Église, de notre peuple a pris fin." Il s'agit d'une réconciliation historique qui se place au regard de l'histoire tragique du XXe siècle. Ne doutons pas également de la force spirituelle d'une telle dynamique. Ce que porte l'Archevêché, issu de l’Église russe et de son renouveau spirituel et académique au XIXe et au début du XXe siècle, son très riche héritage théologique, son témoignage et son histoire, peuvent être ainsi pleinement transmis à la totalité de l’Église russe. Il peut aussi poursuivre son rôle d'espace de rencontre, dont nous avons bien besoin, entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest. Nul doute que la résolution prise lui en donnera les moyens indispensables. Une page de l'histoire se tourne. La suivante peut être tout aussi riche, passionnante et pleine de grâces.

Photographie : la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, rue Daru à Paris, siège de l'Archevêché (source). 

Ajout (27 septembre) : j'ai donné un entretien (6:07) à Vatican news sur la situation de l'Archevêché. Il est en ligne sur cette page.

samedi 11 avril 2015

Recension: 52 figures contemporaines lumineuses pour espérer malgré tout dans l'humanité - Un livre de Michel Cool

Au mois d'octobre de l'année dernière, Michel Cool a publié aux éditions Salvator un nouvel ouvrage intitulé La nouvelle légende dorée - 52 saints pour aujourd'hui. Sont présentées dans de courts chapitres 52 personnalités contemporaines, 52 "figures de sainteté" œcuméniques (catholiques, protestantes, orthodoxes), qui furent des lumières pour le monde par le témoignage qu'ils ont donné par leur vie et leur action, et cela de bien des manières. A une heure où certains parlent volontiers avec facilité et bien légèrement de l'obscurantisme des religions, il s'avère très important de montrer qu'il existe aussi de nombreuses figures lumineuses et très positives qui grâce à la foi qui les irradiait ont apporté d'inestimables biens au monde. A ne pas oublier et  à mettre en opposition à des actions et à des personnages qui effectivement obscurcissent et blessent cruellement l'humanité et le monde au nom d'une religion. Le livre de Michel Cool est une lecture indispensable et revigorante pour ceux qui doutent de l'humanité et des bienfaits que peuvent apporter, aussi, malgré tout, les traditions religieuses. Une initiative éditoriale intéressante et utile serait maintenant de publier un ouvrage similaire élargi à des "figures de sainteté" contemporaines  dans toutes les grandes traditions religieuses du monde. Puis un autre avec des personnalités semblables par la vie et l'action, mais athées ou agnostiques et qui ne se situent pas dans une tradition spirituelle.

Complément: Michel Cool a enregistré sur RCF plusieurs émissions dont chacune présente en quelques minutes une de ces figures. Un exemple: celle qui évoque mère Marie Skobtsov, moniale orthodoxe, Juste parmi les nations, morte en déportation à Ravensbrück la veille de la fête de Pâques 1945, canonisée par le Patriarcat de Constantinople en 2004.

jeudi 24 août 2023

Ma chaîne YouTube

Lancée au début de l'été, ma chaîne YouTube compte à ce jour 8 vidéos. Ce sont des entretiens et des enregistrements que j'ai réalisés. Quatre interviews avec : le métropolite Hilarion Alfeyev, Jacqueline Péry d'Alincourt sur Mère Marie Skobtsov et la déportation à Ravensbrück, le cinéaste d'origine roumaine Paul Barba-Negra, l'écrivain Henry Montaigu, plus trois enregistrements de conférences du père archimandrite Placide Deseille et un d'une intervention du père Michel Evdokimov. D'autres vidéos sont en préparation.

dimanche 28 février 2016

Un entretien avec Jacqueline Péry d'Alincourt (1919-2009), résistante et déportée à Ravensbrück

Ci-dessous: un entretien que j'ai réalisé tout à la fin de l'année 2008 avec Jacqueline Péry d'Alincourt (1919-2009, photographie ci-contre). Elle y parle tout d’abord de la résistance avec son amie Claire Chevrillon, de Jean Ayral, puis de Daniel Cordier, au secrétariat de Jean Moulin à Paris, ensuite de son arrestation, des cinq jours de torture par la Gestapo et de la mise au secret durant six mois à Fresnes, puis, de la déportation au camp de concentration de Ravensbrück où elle retrouve son amie Geneviève de Gaulle. Parmi les personnes dont il est aussi question dans l’entretien : Germaine Tillion, Mère Marie Skobtsov (1) et Margarete Buber-Neuman.

Bien que très malade (elle est décédée moins de quatre mois plus tard), Jacqueline Péry d'Alincourt, ayant alors d'importantes difficultés d'élocution, a accepté de donner cet entretien chez elle. On trouvera ici un portrait biographique d'elle. Son témoignage écrit est sur cette page. Le 27 mai 2015, au Panthéon, dans l'hommage de la nation, le président de la République François Hollande, l'a mentionnée dans son évocation de Geneviève de Gaulle-Anthonioz.