Ma chronique du 26 janvier dans l'émission Lumière de l'orthodoxie (textes et enregistrement), sur Radio Notre-Dame, portait la fête de Noël dans notre société. En voici le texte.
Aujourd’hui, je souhaite partager une
réflexion sur la dernière fête de Noël, plus précisément sur l’étrange
impression qu’elle m’a laissée. En observant la façon dont Noël était
annoncé, fêté dans notre société française, j’ai eu, pour la première
fois de manière très nette, la perception d’un vide et d’une grande
tristesse. Beaucoup de lumières, de l’agitation bien artificielle, mais,
derrière, rien, le néant qui masque mal l’ennui et le non-sens, aucune
résonance, un manque d’âme.
On l’aura compris, depuis longtemps Noël
est un rendez-vous commercial, un moyen pour vendre. Aujourd’hui, il
n’y a plus que cela. Il s’en dégage la désespérance des choses qui n’ont
pas de signification profonde.
La naissance de l’enfant de la
réconciliation de la terre et du ciel n’est plus fêtée. Pourtant, que
l’on soit croyant ou pas, quelle belle réalité ! Quel beau symbole ! Une
naissance au cœur de l’hiver, au moment où les nuits sont les plus
longues. L’espoir renaît, le futur recommence à s’écrire. Il me semble
que même des non-chrétiens peuvent comprendre l’immense et vitale portée
de cette image et cela pour toute société. S’en priver est
catastrophique. C’est tout ce que représente cette image, cette vie
renouvelée, ce futur, à la fois tant attendu et inespéré, que l’on
écarte.
Il est vrai qu’aujourd’hui même le sapin de Noël, bien peu chrétien, mais signifiant, semble effrayer !
Le résultat de ce processus d’amnésie,
qui s’est accéléré ces dernières années, est cette agitation privée de
sens qui n’est plus qu’un vent sans lendemain.
Il est symptomatique qu’une société qui
prétend s’affranchir de tout en arrive à se priver de l’essentiel qui
justement ouvre sur tout. Finalement, on ne peut constater qu’une
tragique diminution de notre humanité et de ses possibilités.
Toute spiritualité authentique et
conséquente semble irriter ceux qui donnent le ton aujourd’hui dans nos
sociétés occidentales. Mais peut-on m’indiquer, dans l’histoire, des
grandes civilisations, des grandes cultures où la spiritualité est
absente ? Il n’y en a pas. Peut-être quelques régimes passagers,
certainement les totalitarismes du XXe siècle, c’est tout.
Je crois que le christianisme, mais
aussi toute spiritualité, bien sûr authentiquement suivie, développe
notre humanité. A contrario, je crois aussi que l’être humain, dont la
dimension spirituelle est atrophiée, voire niée, glisse vers
l’inhumanité. Déjà, parce que le mystérieux parcours spirituel d’une vie
est ce qui lui ouvre des portes véritables, lui donne du souffle et
s’avère une bénédiction pour ses contemporains.
A ne pas oublier et à rappeler autant de fois que nécessaire pour ne pas disparaître dans les marécages de l’insignifiance.